jeudi 6 octobre 2016

DU SECRET D'ETAT ET DE LA TRANSPARENCE: LE SÉNÉGAL A LA CROISÉE DES CHEMINS


Nous avons notre destin en main. Et il n'est pas trop tard pour que nous choisissions la direction à prendre et les orientations que nous pouvons donner à notre chère nation. 
Il est dommage aujourd'hui que l'on confonde de plus en plus secret d'État et Transparence. Si les secrets d'État doivent être bien gardés dans tous les pays du monde (renseignements généraux, manigances d'un État vis-a-vis d'un autre, frasques et faits divers et affaires de mœurs ayant traits avec un chef d'État ou de gouvernement ou un ministre, maladie ou état de santé d'un chef d'Etat ou d'un roi etc.), l'obligation de transparence incombe à tout fonctionnaire épris du développement de son pays et de l'intérêt général.

Mettre à nu ou dénoncer des faits de corruption généralisée, de népotisme et de favoritisme ou encore de nominations de personnes incompétentes au détriment de personnes ayant plus de savoir intellectuel et mieux habilitées à faire avancer les choses, n'est point une violation des secrets d'État. Mais plutôt un soucis de transparence, qui est pour tout citoyen averti, dans un pays "normal", une obligation morale et éthique.

Certains États n'ayant aucune ressource naturelle se sont développés au fil des décennies. Comme par miracle. Ils se sont basés sur quoi? Sur deux éléments fondamentaux et essentiels:
- La ferme volonté de leur peuple de créer les conditions d'une nation prospère dans une société juste et équitable en ayant un sens aigu du travail;
- Des dirigeants et gouvernants, conscients de la lourde responsabilité qui leur incombe, ayant aussi décidé de se sacrifier pour se mettre au service de leur nation, avec comme objectif clé, la priorité absolue à l'intérêt général, dans une gouvernance sobre et vertueuse.

La gouvernance 1.0 se veut une structure en top-down, plutôt despotique et a trait à ne pas souvent permettre aux citoyens de s'exprimer librement, bien entendu dans le sens de la marche indiquée par la charte fondamentale de cet État. Ici le silence absolu est de mise pour les citoyens. Ils deviennent ainsi la plèbe, le bas peuple qui n'a pas voix au chapitre, sous peine de sanction de divers types.

Ce modèle, qu'on retrouve aujourd'hui dans beaucoup de pays africains et d'Europe-Asie centrale (Ouzbékistan Biélorussie etc. ) n'a essentiellement jamais produit de résultats probants. L'oppression continue, les décisions viennent toujours d'en haut et sont indiscutables. Mais le développement n'est jamais atteint et le peuple n'est jamais heureux. Et dans un pays sans ressources naturelles, vivre dans la peur est une des pires voies à emprunter.

La gouvernance 2.0 se veut plus fluide et assez accessible pour les citoyens qui peuvent avoir parfois leur mot à dire sur certaines questions liées au type gouvernance auquel ils sont soumis, ou sur des réformes sociales qu'ils espèrent être à mieux de leur donner quelques satisfactions. Sauf que ici aussi, la rugosité et l'intransigeance du gouvernement central ont toujours le dessus.

Le véritable modèle de développement, celui auquel le Sénégal peut aspirer pour espérer atteindre le développement, c'est le modèle de la gouvernance 3.0. Pourquoi?
Il faut dire qu'au Sénégal nous avons eu la chance déjà d'avoir certains acquis liés à des préjugés (intérieurs? extérieurs?) favorables sur nos différents scrutins: des élections à deux tours (même si les spécialistes ne sont pas encore d'accord si les élections libres et transparentes sont forcément synonyme de démocratie majeure pour ce pays, ou si les élections truquées équivalent de facto à de la dictature: la démocratie c'est plus qu'une affaire d'élections, soit dit en passant), des alternances, des peuples qui manifestent et exigent leurs droits, des citoyens qui ont de plus en plus la liberté d'exprimer leurs points de vue sur la manière dont ils sont gouvernés (d'où le bémol pour le contexte actuel au Sénégal bref...) etc.

Cependant, il nous faut nécessairement des structures de contrôle autonomes et indépendantes, ne dépendant d'aucune institution de la République (comme cela se passe dans certains pays comme l'Inde ou les pays scandinaves) capables de garantir une certaine transparence, de la confiance et aussi un certain soucis (des gouvernants) de rendre compte régulièrement de ce qui se fait de bien dans l'appareil étatique.

Cela ira dans le sens de la collaboration, de la sauvegarde et le partage de données (Big Data) capables d'aider les autorités à prendre les bonnes décisions pour le peuple qu'ils dirigent etc., le tout dans des stratégies et des orientations claires qui auront été données au régime en question, pour ce mandat que ces dirigeants seront appelés à exercer à la tête du Sénégal.

Il faut dire que là en ce qui concerne notre pays, le plus important sera que les personnes à la tête de l'État puissent être conscientes du lourd fardeau qu'ils portent sur leurs épaules, que cela ne puisse plus être une réjouissance mais une responsabilité (de rendre compte au peuple et plu tard à Dieu), qu'ils n'en profitent pas pour s'enrichir en deux trois ans mais qu'ils comprennent aussi qu'il faut d'abord servir au lieu de se servir, que les personnes compétentes soient promues et que le népotisme disparaisse, que quelqu'un qui a des compétences avérées n'ait plus besoin d'appeler l'oncle ou la tante haut placé(e) pour être recruté, que les citoyens comprennent qu'il vaudra mieux aller porter des sacs de ciment dans une de nos nombreuses usines de ciment et être payés même à une petite somme par sac porté (c'est juste un exemple) que de rester à l'angle du quartier à pendre le thé à 11h du matin et parler de football ou de politique. Ainsi chacun mettre une pierre à l'édifice d'une nation juste et prospère.

Dans ce cas de figure il y aurait plus de justice et d'équité, beaucoup de confiance car ce sera fini pour les détournements, l'enrichissements illicite, la corruption à grande échelle pour gagner des marchés et ensuite donner des cote-parts à celui qui vous a donné le marché; on ne parlera plus de tél ou tel ministre qui a construit tel ou tel villa en X ou Y temps, d'un Dg qui a acheté deux ou trois voitures ou qui s'est fait augmenter son salaire déjà exorbitant pour un pays du tiers-monde comme le Sénégal, d'une autorité qui aurait acheté un appartement dans une des grandes mégalopoles du monde etc. Parce que tant que les citoyens verront des gens sans aucune qualification mais qui occupent des postes de responsabilité grâce à leur position politique, tant que les citoyens se rendront compte que les biens sont accaparés par une frange privilégiée proche des zones de décisions, leur frustrations ira crescendo, et le malaise social ne cessera de monter en flèche.

Notre pays a besoin de repères, car l'objectif ultime d'un État et ses gouvernants, c'est le bonheur du peuple. Tant que le peuple n'est pas heureux il y a encore des efforts à faire. Les biens de l'Etat sont des biens communs et doivent être sauvegardés. Les citoyens doivent sentir qu'ils ont un État, un gouvernement, et savoir qu'ils ont choisi un commun vouloir de vie commune avec des biens équitablement répartis, et bien sûr de bons services en santé éducation, des progrès dans des domaines comme l'agriculture les technologies l'industrie etc. Ils doivent aussi se sentir capables de s' exprimer librement dans le respect de la constitution, sans être inquiétés.

Mais ne l'oublions pas, je m'inspire que l'exemple de l'ancien président Coréen Park Chung-Hee qui est le père du miracle coréen "Khan River Miracle" (du pays le plus pauvre au monde en 1953 complètement rasé et ayant perdu 80% de ses édifices et dépendant de l'aide internationale pour survivre, à un pays qui occupe aujourd'hui la 11e économie mondiale et aidant les pays en développement: from Rags to Riches) qui lorsque qu'il est mort à la fin des années 70, n'avait aucun compte à la banque, n'avait légué que quelques milliers de Won à sa fille (aujourd'hui présente de ce pays).

Je citerais aussi l'ancien président José Mujica de l'Uruguay (jusqu'en 2015!) qui préférait s'éloigner des faveurs que pouvait lui procurer ses fonctions de chef d'État, pour vivre dans une ferme assez modeste, et donnait 90% de son salaire de président de la République à des œuvres caritatives ou à des fonds d'investissement pour aider les jeunes entrepreneurs de son pays à créer leur propre business. Lui qu'on surnommait le "président le plus pauvre du monde", a quitté volontairement le pouvoir après un seul mandat en laissant une économie en très bonne santé. Lui non plus n'avait pas de compte en banque en quittant le pouvoir. Bien sûr.

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